Dans le paisible mais excentrique village de YaniLand, l'heure était venue pour les festivités annuelles de la Grande Distribution des Cadeaux. Cette année, deux invités spéciaux avaient été conviés : Fred et Michel, deux rennes aux personnalités diamétralement opposées.
Michel, la star auto-proclamée du troupeau, trottinait avec une arrogance qui aurait pu faire rougir même un paon. Sa fourrure brillait de mille feux, et son sourire éclatant semblait dire : "Oui, je sais que je suis fabuleux, merci de l'avoir remarqué."
Fred, quant à lui, se tenait à trois mètres derrière, le nez presque collé à la neige. Il jetait des coups d'œil timides à Michel, le cœur battant comme s'il venait de courir un marathon, alors qu'en réalité, il n'avait fait que trébucher sur un sapin particulièrement sournois.
— « Allez, Fred ! Si tu continues à avancer aussi vite qu'une tortue enrhumée, on n'arrivera jamais avant que YaniLand soit sous la neige jusqu’au cou ! » lança Michel, une étincelle de sarcasme dans les yeux.
Fred émit un petit “humph” gêné et accéléra à peine le pas. Pour être honnête, il aurait bien préféré se cacher derrière un flocon de neige.
Quand ils atteignirent enfin la place centrale de YaniLand, décorée de guirlandes, de lanternes scintillantes et de gnomes qui chantaient des chansons légèrement discordantes, Michel bomba le torse et salua la foule d’un geste théâtral. Les habitants de YaniLand échangèrent des regards amusés et légèrement exaspérés, bien trop habitués aux frasques de Michel.
— « Peuple de YaniLand, je suis là pour vous bénir de ma présence et, accessoirement, distribuer vos cadeaux ! » cria-t-il, l’arrogance dégoulinant de sa voix comme du sirop sur une crêpe.
Fred, tentant de trouver un rocher où se dissimuler, fut pris par surprise lorsqu'un lutin à l'air espiègle lui colla un bonnet de Noël ridicule sur la tête. La foule éclata de rire, et Fred, aussi rouge qu'une baie d'hiver, bégaya :
— « J-je... je suis juste ici pour... aider... ou, enfin, euh... si vous voulez... »
Michel roula des yeux. « Ah Fred, mon cher renne avec l'enthousiasme d'une chaussette trouée... viens donc ici et distribue ces paquets avant que le Père Noël ne meure de vieillesse ! »
Alors que Fred trébuchait sur sa propre ombre pour attraper le sac de cadeaux, il fit un vol plané spectaculaire avant de s'écraser tête la première dans la neige, provoquant une avalanche miniature qui enterra trois lutins et une marmotte surprise.
La scène plongea YaniLand dans un silence stupéfait, avant que Michel ne lance, imperturbable : « Voilà ce que j'appelle un atterrissage de légende, mes amis. Si Fred devient plus maladroit, on pourra bientôt le louer comme comique ! »
La marmotte sortit de la neige, visiblement indignée, et siffla d’un ton rageur. Fred, toujours coincé sous son bonnet trop grand, murmura d’une voix à peine audible : « Pardon, pardon, je n’ai pas fait exprès... »
Michel, ravi de son propre sens de la répartie, s'avança vers Fred, lui tapota l'épaule (ou ce qui semblait en être l'épaule) et lui dit, avec un clin d’œil que personne ne lui avait demandé : « Oh, Fred... sans toi, qui nous ferait autant rire ? »
Et malgré tout, Fred sourit. Parce qu’au fond, même sous le sarcasme, il savait que Michel l’aimait bien. Après tout, qui d’autre aurait pu tolérer ses cascades involontaires avec autant de panache ?
Et ainsi, sous le ciel étoilé de YaniLand, entre les rires et les chants de lutins, la distribution des cadeaux commença.
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