Joyeux anniversaire YaniLand
- Yani Creation
- 12 août
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 19 août
Chaque année à YaniLand, le village fête sa propre naissance. Une tradition qui se voulait d’abord simple : quelques gâteaux, un discours, deux-trois lampions biodégradables et une sieste collective. Mais ...

Le soleil venait à peine de se lever sur la place centrale que Crousty et Archibald avaient déjà vidé la moitié de la réserve.

Ils avaient été désignés (par eux-mêmes) responsables de la buvette. La ville n’avait pas donné d’autorisation, mais eux avait proclamé que l’alcool, était "du patrimoine culturel marin". Officieusement, ils testaient eux-mêmes chaque bouteille “pour des raisons de sécurité publique”. Officiellement, ce n'était tout simplement que deux vieux alcooliques notoires.
Ils sont donc arrivés à l’aube, pince dessus dessous, avec un tonneau mystérieux, un vieux tabouret et une caisse pleine de fioles "faits maison". 9h pétante, ils ne servent plus personne. Archibald a déjà perdu sa coquille deux fois, puis il décida de la pose sur le bar en guise de saladier et Crousty raconte à qui veut l'entendre que le seau de punch lui a parlé. Il remplissait des fioles sans étiquettes en chantant des chants marins qui parlaient de rhum et de sardines. En bref, service était approximatif...
Dans cette douce pagaille s’installait petit à petit le stand de nourriture. Pablo, loutre poissonnier de père en fils, s’affairait autour d’un barbecue de fortune. À ses côtés, Mireille, petite abeille jaune et dodue, beurrait des tranches de pain de maïs avec une générosité douteuse.
— « Pablo, on avait dit de pas piocher dans les filets ce matin ! »
— « Je goûte pour être sûr qu’ils soient pas empoisonnés... C’est du professionnalisme. »
— « Et les cinq maquereaux d’avant ? »
— « De la prévention. »
Mireille avait déjà mangé la moitié du plateau de galettes de pollen frit. Personne ne disait rien. On les aimait bien, même si personne ne repartait jamais avec sa commande complète.
Véronica arriva à midi pile.
Un silence (relatif) se fit sur la place. On entendit juste une bouteille rouler au sol et un “hic” de Crousty dans le lointain.
La mairesse, fidèle à elle-même, avançait nue, la tête ceinte de sa couronne de fleurs, l’allure digne. Pas perchée, non. Engagée. Résolument naturelle.
Elle leva une main, s’arrêta au centre de la place et lança, avec son mélange habituel de français et d’italien :
— “Cari amici, aujourd’hui on célèbre non solo la nascita de YaniLand, mais la vita vera ! Celle qu’on vit liberi, le popotin dans le vent, avec amore e rispetto della Natura !”
Ses partisans hurlèrent. Des pétales volèrent. Un pigeon paniqua. Tout le monde écoutait, parce que c’était elle, pour l’instant, la mairesse.

Mais cette année, la fête est spéciale : les élections municipales approchent, et l’ambiance est tendue.
Un peu plus loin, une silhouette rousse, plus calme, observait tout ça. Foxy. Il ne disait rien, mais son stand électoral se dressait discrètement entre deux guirlandes. L’ancien maire. Le vieux renard. L’ex-champion.
Toujours droit, toujours soigné, le poil un peu grisonnant mais le regard aiguisé.
Il ne court plus, non. Il observe. Et il murmure aux oreilles des anciens :
— “Vous vous souvenez du calme avant les nudistes ? Du village sans encens ni tisane qui explose la tête ?”
On murmure qu’il prépare une liste. Qu’il veut reprendre le pouvoir. Qu’il a promis des bancs publics et une vraie politique de sécurité alimentaire. Moins de fesses nues et d’encens.
Mais surtout, qu’il ne supporte plus Norbert.
Juste à côté, justement, une brume d’encens montait doucement. Sous un arbre, Norbert a dressé un stand de “lectures vibratoires de l’âme cosmique”. Autour de lui, quelques disciples en transe chantent des mantras sur la réincarnation des cornichons.
Norbert vend des pierres "énergétiques" à prix libre.
Autour de lui, des visiteurs hésitaient... Entre intrigue et frayeur, il était difficile en voyant Nono de savoir quelle émotion nous submergée. Il acheva la foule en annonçant une “fin du monde locale” pour minuit, heure de la lune rose. Ce qui fit fuire toutes la clientèle.
C'est là que Pascal rentre en scène .... Et dans cette joyeuse désorganisation, il se faufilait, changeant

de couleur au gré de ses émotions, de sa myopie et de ses erreurs de collyre. Il avait mélangé ses gouttes pour les yeux avec le gel hydroalcoolique. Encore.
Pascal distribue des ordonnances à qui veut, même aux cailloux. Il tenta de prescrire des lunettes à une pomme de terre. Il diagnostiqua une dépression saisonnière à une ombre.
Il pensait saluer Mireille, mais fit une révérence au tonneau de Crousty (ce qui ne manqua pas de vexée la concernée).
Mais il souriait, rayonnant. Même s’il y voyait flou, son cœur, lui, était limpide. Et certains disent qu’il voit mieux quand il ferme les yeux.
La journée se déroula dans un chaos organisé.
Crousty finit par s’endormir sur un tonneau. Archibald servait dans le vide, persuadé que des clients invisibles faisaient la queue. Pablo mangea tout le stock de sardines. Mireille se justifia en disant qu’elle "goûtait pour équilibrer les saveurs". Norbert flotta dans une méditation profonde entre Saturne et la mairie. Pascal tenta de mesurer la tension artérielle d’un géranium. Et Véronica, debout sur un banc, lançait ses derniers mots à la foule :
— “Grazie per essere qui mes amici ! Et rappelez-vous... les fesses libres font les esprits libérés !”
Foxy leva un sourcil. Il nota quelque chose sur son carnet... Surement une contrattaque pour les futures élections
YaniLand fête son anniversaire comme il vit chaque jour : dans un joyeux foutoir, entre passion, conflits, herbes douteuses. Et beaucoup, beaucoup d’amour.





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