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UN NOUVEAU RESTAURANT A YANILAND


Sur les pavés des ruelles de YaniLand un bruit étrange résonnait depuis plusieurs jours : clac, clac, clac.

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C’était le bruit des pinces du Comte Lobsterovski, un homard dandy tout droit sorti d’un vieux cabaret de l’Est. Haut-de-forme bien vissé sur la carapace, moustache cirée qui brillait comme une arme de séduction massive, une canne dans sa pince sculpté en bois massif d'un arbre sibérien orné d'une tête en or représentant sa propre personne.

Il avait une tendance agaçante et étrange de parler de lui même :

« Le Comte Lobsterovski… oh, le Comte Lobsterovski est un génie incompris, un artiste culinaire, un messie du goût, » clamait-il, sa pince gauche posée théâtralement sur son plastron.

« Et si vous ne le comprenez pas… eh bien, c’est que vous avez des papilles de poulpe ! »



Ce homard excentrique venait d’ouvrir son restaurant, YUMI YUM — affectueusement surnommé les 3Y (Yumi Yum Yani).

Un nom qu’il répétait sans arrêt, au point que même le facteur avait songé à changer de rue pour ne plus l’entendre :

« Le Comte Lobsterovski vous accueille au Yumi Yum, le temple du raffinement, le lieu où même vos grand-mères voudront ressusciter pour goûter ! »



Le Comte était calme, presque trop. Mais derrière ce calme olympien se cachait un ego qui ferait passer un paon pour un moine tibétain.

Il ne cuisinait pas, non. Il "créait".



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Chaque assiette était une performance théâtrale. Une soupe ? Non, un "océan en détresse avec une larme de Neptune".

Et si quelqu’un osait demander du sel ?

« Du sel ?! AH ! Le Comte Lobsterovski n’ajoute pas du sel… Le Comte Lobsterovski sculpte la saveur ! »

Les clients ressortaient de là affamés, ruinés… mais étrangement convaincus d’avoir assisté à un miracle gastronomique.


Le soir de l’ouverture, tout YaniLand s’était déplacé. Même Simon le hérisson qui se veut plutôt timide avait fait le déplacement. Le homard dandy fit son entrée en faisant résonner ses pinces comme des castagnettes : clac clac clac.

Son discours dura 1h47.

Personne ne comprit vraiment ce qu’il racontait, mais tout le monde applaudit, épuisé, rien que pour qu’il se taise. Puis il dévoila son plat signature : « La Tristesse du Calamar face à la Lune ».

Une assiette vide. Juste une petite goutte de sauce au milieu.

« Ah… vous ne voyez rien ? C’est normal. Le Comte Lobsterovski cuisine l’invisible. »


Le silence dans la salle était pesant. Puis, quelqu’un osa :

— Mais on mange quoi, du coup ?

— Vous mangez… L’EXPÉRIENCE.



Et ainsi, entre fascination et envie de le balancer vivant dans une marmite d'eau bouillante pour en faire une succulente bisque, le Comte Lobsterovski devint rapidement la personnalité la plus détestée… et paradoxalement la plus fréquentée de YaniLand.

Car tout le monde voulait voir jusqu’où ce foutu homard pouvait aller.



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